En anglais "Sleep Tight" ou en français "Malveillance", le film nous narre le quotidien de César, qui, en plein coeur de Barcelone, est un gardien d'immeuble comme on en fait plus : calme, discret, courtois, disponible, compétent, multi-tâche et voire même plutôt pas dégueulasse physiquement.
Et en fait, ouais, mais non.
Pourquoi?
Parce-que le pitch est intéressant et absolument applicable dans la vie réelle : on se demande bien ce que pourrait faire notre concierge avec nos clefs.
Parce-que Jaume Balaguerò, le réalisateur d'un véritable "nanar", sans aucune renommée internationale et n'ayant changé en rien-du-tout le cinéma du genre, Rec.
Parce-que le réalisateur a su dessiner une limite ultra-fine et parfaitement droite entre le film d'épouvante et le thriller.
Parce-qu'avec les Japonais, les Espagnols sont probablement les meilleurs à avoir su - et à toujours savoir - nous procurer nos meilleurs frissons horrifiques au cinéma, sans céder aux habituelles énucléations du genre.
Le + :
- le film arrive à être hilarant, même dans ces pires moments ;
- on se retrouve totalement perturbé, lorsqu'on en vient à ressentir de l'empathie pour le personnage principal ;
- un film totalement politiquement incorrect : la destinée et le parcours des personnages et de leur typologie sont inversement proportionnels aux schémas pré-établis de toute structure narrative et cinématographique ;
- il n'y a aucune goutte de sang, ni aucun effet gore...hormis l'unique scène, en parfaite symbiose avec la trame;
- le film est surprenamment sobre, ne cédant à quasiment aucun effet facile du genre, type portes qui grincent ou violons prédominants;
- lorsqu'on se rend compte qu'on se met à flipper avec des éléments totalement pourraves : des cafards, un plancher qui grince, une porte qui s'ouvre...
Le - :
- la lenteur de la mise en scène nous fait finalement moins stresser que prévu;
- on se demande bien quand même pourquoi ils ont pris comme personnage central un brun ténébreux, ibérique, plutôt musculeux et trop charismatique;
- un final bien trop nihiliste pour être vrai
Ze scène :
l'évasion de l'appartement. Le sommet du genre.
Au final : nouvelle pellicule du cinéma "psychorrifico" qui sent bon le jamòn et les tapas, Mientras duermes est un honorable produit dans ce qu'il peut produire comme scénario intriguant, original et efficace. Parce-qu'il sait jouer de ses situations et de sa mise en scène, le film fait mouche dans tout ce qu'il crée comme anti-thèse : de son personnage principal, il en fait un protantagoniste pour lequel on peut ressentir tout ce qu'il est possible de produire comme sentiments (colère, désir, tristesse, peur...) et donc finalement l'aimer.
Et que penser de cette ambivalence face au fait de s'imaginer notre propre peur à prêter nos clefs à nos voisins, quand dans le sens inverse, on aurait toujours l'idée un peu perverse d'aller fouiller dans leur intimité : nous dire que finalement, nous ne sommes pas loin d'être César à la place de César...? C'est peut-être bien ça qui fait peur...
La Note : 3/5
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