31.3.12

escalade


C’est quoi?
Quatre jeunes lycéens débarquent chez leur directrice, avec des fleurs, des cadeaux et tout le tralala. Sympa.
Mais Tu débarquerais chez Ton dirlo, Toi, quand ce n'est pas encore la fin de l'année, qu'elle n'est ni convalescente, ni en deuil et qu'elle ne s'apprête pas à partir à la retraite?



Pourquoi? 
Parce-que le film semblait être un bon thriller à la sauce tapas, sauf qu'en réalité, il est bien français.
Parce-que l'excellente Carmen Maura au générique (et aussi la raison pour laquelle je pensais que le film était espagnol), l'égérie de bon nombre de films made by Pedro Almodovar.
Parce-qu'il était déjà passé inaperçu lors de sa sortie en 2006, malgré des critiques dithyrambiques. 
Parce-que son pitch, rappelant celui du mésestimé Teaching Mrs Tingle.



Le + : 
  • le film commence presque immédiatement, il n'y a aucun temps aménagé pour poser la situation et les personnages ;
  • un suspens relativement bien ménagé et efficace, car le film met un certain temps avant de révéler les réelles motivations des adolescents ;
  • la participation de François Berléand, aux antipodes des rôles qu'il tient habituellement.
Le - :
  • les acteurs, en particulier les quatre adolescents excellent tous dans la médiocrité et l'amateurisme, surtout Julie Durand qui joue l'unique fille du groupe (oui oui, même Carmen Maura);
  • les plans foutraques, avec une caméra virevoltante à filer des nausées, jamais posée et dont il est difficile de distinguer qui s'adresse à qui;
  • l'idée des adolescents aisés, possédant un réseau de contacts utiles à leur cause, se révèle vain et non crédible;
  • les angoisses des adolescents est totalement fumeux, au point qu'on ne sait plus quoi penser au final : jalousie sociale? Tensions et désirs sexuels? Mal-être intrinsèque?...
  • de fausses bonnes idées, mal amenées et vite avortées, comme l'aveu de triche tout le long de l'année, grâce à leur matériel high-tech. Si l'idée était d'illustrer des jeunes en perte de repère et de morale, à cause d'une connectivité permanente et bien, c'est totalement raté (surtout lorsque les jeunes sortent des Nokia 3310, des pagers et des agendas électroniques Casio....pour info, le film date de 2006, donc non, faut pas déconner.)



Ze scène :
lorsque la directrice s'enferme pour une dernière fois dans les toilettes pour laisser les jeunes se régler leur compte. Elle reflète l'ambiance général du film : pourquoi? Comment? Pour quelles raisons, surtout après avoir vécu tout ça...?

Au final : Charlotte Silvera plante totalement son film, à nous faire naviguer en eaux troubles. Il est difficile de savoir s'il faut avoir peur, rire, stresser, surtout au regard des motivations floues et empêtrées des lycéens. 
On peut se dire que leur obtention du BAC n'est finalement qu'un papier-peint pour illustrer le portrait d'une jeunesse défaillante, en mal de repère blablabla-françoise dolto - luc ferry....sauf qu'à force de vouloir jouer sur les failles qui érodent les jeunes entre eux, on se fout totalement de ce qui peut leur arriver et lorsqu'arrive la fin de manière sèche et abrupte, ça fait déjà bien longtemps qu'on a décroché. 

Car oui, quel est le but final du film : les jeunes privilégiés capables de s'auto-détruire? Jusqu'où peut-on aller pour réussir? Les parents sont incapables de gérer des situations de crise, ce qui fait que les adolescents sont livrés à eux-mêmes, au point finalement de devenir les figures adultes qu'ils ne respectent plus? 

Du coup, l'un des intérêts du film réside peut-être dans cette peur des jeunes face à des parents exigeants. Parents qui sont absents de toute la pellicule, mais qui sont ultra-présents dans ce qui conduit à la réaction des quatre personnages principaux. Et au lieu d'insister sur ce point et sur le sujet du film, à savoir la relation jeunes/adultes/corps professoral, nous est juste servi un déballage de clichés sur le combat élèves/professeurs conventionnel. 
Et Escalade devient alors un film raté, plombé par une mise en scène et une réalisation désuète, totalement à côté de la plaque et aussi inaboutie que l'histoire de Berléand qui tente de résoudre de son côté le silence de son amie (3 minutes montre en main). 

La Note : 0,5/5

Il faut aussi préciser que cette séance était une séance-débat proposée de manière hebdomadaire dans le cinéma du Ra'T. 
Débat qui s'est révélé exécrable, en raison d'une réalisatrice incapable de défendre son film et en partie à cause de l'intervention de Vincent Peillon, actuel député européen et membre du Parti Socialiste, qui détournait chaque question propre à l'étude du film, en ramenant son discours à une apologie du plan de campagne de son candidat soutenu, un certain François H. 
Ce qui a aussi sûrement euthanasié toute la portée du film.



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