7.3.12

take shelter


C’est quoi?
L'histoire de Curtis LaForche, un père de famille qui vit avec sa femme Samantha et sa petite fille sourde Hannah, dans une petite ville au fin fond de l'Ohio. Le ciel est bleu, les oiseaux chantent, l'herbe est toujours verte. 
Sauf que Curtis est le seul à voir que quelque chose cloche. Gravement.


Pourquoi? 
Parce-que le synopsis laisse entrevoir une histoire annonciatrice de fin du monde.
Parce-qu'à l'image de l'unaniment salué Another Earth de Mike Cahill, avec lequel il partage quelques similitudes, ce film du jeune Jeff Nichols (33 ans, 1er long-métrage) semble promettre un film catastrophe, à l'atmosphère onirique.
Parce-qu'une sublime bande-annonce intrigante, qui donne l'impression d'être un sequel du déjà visuellement léché Mélancholia de Lars van Trier.




 Parce-que Jessica Chastain, qui semble avoir très bon goût - ou qui a un très bon agent -, surtout pour les oeuvres dites "indépendantes": The Help, The tree of life, Texas Killing Field... 
Parce-que Michael Shannon. Un acteur sortant d'une production HBO Televisions, en l'occurrence Boardwalk Empire, ne peut pas être mauvais.




Le + : 
  • la définition d' "intrigue" n'a jamais aussi bien porté son nom;
  • la force du film à ne jamais céder à la tentation de tout livrer au spectateur : alors, ce mec, il est vraiment devin ou il est vraiment pas bien?;
  • un suspens magistralement maîtrisé;
  • des acteurs à la limite de la perfection, en commençant par le petite Tova Stewart, la fille de la famille, qui posséde un jeu que lui envieraient les soeurs Olsen ou n'importe quel Culkin;
  • un score de toute beauté, qui réussit ironiquement à se faire discret, au point de sembler absent tout le long du film, et à s'envoler dans les dernières minutes;
  • probablement les effets spéciaux les plus élégants et les plus judicieusement jamais offerts au cinéma : il n'y a pas de déluge à la Michael Bay, mais ils n'en sont pas moins absents.
Le - :
  • un tantinet longuet;
  • une réalisation un poil trop classique, usant de plans larges exagérés et d'un grain d'image qui semble crier "Regarde! Je suis un film indépendant!"



Ze scène :
la seconde précise où la famille ouvre la porte du bunker, dans lequel elle s'était réfugiée. Véridique : dans la salle, on pouvait entendre le fin bruit des gens qui, collectivement, retenait leur respiration.


Au final : Take Shelter est probablement l'une des expériences cinématographiques les plus ambivalentes qui soit. C'est dans un paradoxe constant que le film trouve toute sa force, et d'une certaine part, sa faiblesse : d'abord film d'auteur, qui vire au thriller, lorgne vers le fantastique, esquisse même une tentative vers l'horreur, se retrouve dans du psychologique et se révèle finalement un sublime drame; on ne sait plus vraiment sur quel pied danser.
Mais Jeff Nichols a un savoir-faire indéniable, qui nous offre une véritable mise en bateau du spectateur : nous sommes seuls, face à l'écran, obligés de se demander ce qui arrive à cet homme. Des éléments nous sont donnés, et c'est à nous d'en faire ce que bon nous semble, et d'ainsi moduler notre propre vision du film. C'est peut-être ça finalement le cinéma intelligent...
La Note : 4 /5




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire